Si un jour Alzheimer

Et si un jour j’oublie,
Si je ne sais plus où j’en suis,
Si mes pensées s’embrouillent,
Si mes pinceaux s’emmêlent ;

Si je ressasse sans cesse la même histoire,
Si je vous pose sans arrêt la même question,
Si je vous agace,
Si je vous épuise,
Si je vous afflige ;

Si vous me voyez m’effacer du monde,
Chaque jour un peu plus,
Jusqu’à ne plus connaître vos prénoms,
Jusqu’à ne plus rien savoir du tout,
Jusqu’à n’être plus que l’ombre de moi-même ;

Si un jour j’oublie,
Souvenez-vous alors 
De ma bonne humeur,
De mon grain de folie ;

Souvenez-vous de manier pour moi 
L’humour
Et la poésie.

Déracinée

Ici ou ailleurs
Vos yeux disent d'où viens-tu ?
Tu n'es pas des nôtres

Partout étrangère
Je ne sais où est ma place
Je n'ai plus de terre

Nomade moderne
Je porte en moi mes racines
Mes branches rebelles
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Le poème inaccessible

Le poète est un voyageur de l'inaccessible ;

Un arpenteur de rêves qui parcourt des étendues solitaires 
Aux senteurs d'absolu et de papier, 
Et qui étanche sa soif à la source d'une encre 
Au goût de nuit.

Mais sa quête est sans fin.

Chaque fois qu'il croit avoir atteint l'horizon, 
Il réalise qu'il a encore du chemin à faire.

Alors, il reprend sa course, 
Le cœur plein d'espoir.

Le prochain poème sera le bon.
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Comme une bulle de savon

Parfois, quand vient le soir, quand ma tête repose,
Je vois sortir de l'ombre une foule de mots
Qui s'animent bientôt dans un joyeux chaos
Pour venir défiler sous mes paupières closes.

Les voici qui tournoient en une farandole
De phrases bariolées qui cherchent à rimer
Puis s'alignent enfin en vers bien ordonnés
Suspendus dans le vent sous une lune folle.

Doux sommeil, te voilà ! Regarde le poème
Qu'ont accroché pour moi les mots sous l'astre blême ;
Il ne me reste plus qu'à le cueillir sans bruit.

Alors tout doucement, d'une plume légère,
Je tente d'attraper mon poème éphémère
Qui dans un discret « pop » éclate dans la nuit.
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Un modeste sonnet, probablement dans sa version provisoire. Toutes vos critiques constructives et suggestions d’amélioration sont les bienvenues…

Espoir de poète

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À tous petits pas,

En suivant le fil
D’une rêverie

Ou le vol mutin
D’un papillon fou

Trouver à nouveau
Le chemin radieux
De l’inspiration…

Lent le Ramadan

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Jour après jour
Nuit après nuit
S’écoule lent
Le Ramadan
Ses heures creuses
Ses ventres vides
Ses soirées longues
Ses tablées pleines
Et la prière
Et la prière
Et le Coran
Que l’on apprend
Sous les étoiles
Et qui apaise
Les tourments
Nuit après nuit
Jour après jour
Au fil du temps
Le Ramadan

Une histoire de croissant

Sous le croissant pâle
Table ronde en Ramadan
Déjeune en famille

Repas attendu
Répit nocturne du corps
Repos de l’esprit

Après la prière
Symphonie pour les papilles
Tout un mois de fête
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Une petite succession de haïkus de circonstance… Vous vous souvenez, le haïku, c’est un tout petit poème de seulement trois vers avec 5-7-5 syllabes, sans rimes ni ponctuation. Ils me font l’effet de petites bouchées à croquer, ça tombe bien !

Assilah, aux quatre vents

On ne va pas à Assilah sans en ramener de petits trésors de couleurs pour les yeux, et pourquoi pas faire d’une pierre deux coups, me suis-je dit.

J’ai trouvé que cette magnifique fresque, œuvre de deux artistes espagnoles, Judith Martín Monte et Esther Martínez Recuero, était parfaite pour illustrer mon petit poème Aux quatre vents, actuellement en lice sur Short édition.

Laissez-vous porter…

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À l’encre de la nuit, sa plume pour bagage,
L’apprenti rimailleur s’en va aux quatre vents
Semer quelques quatrains et des rêves d’enfant
Qui luisent en séchant sur le grain de sa page.

Vous les voyez matin en gouttes de rosée,
S’accrochant en riant aux rayons du soleil,
Scintillant au velours de pétales vermeils
Et sur le fil léger des toiles d’araignée.

Perles de poésie ou seulement paillettes,
Le rimailleur les offre à qui sait percevoir
Le chant discret des fleurs et le parfum du soir,
Et poursuit son chemin des astres plein la tête.

Je suis là

On croit souvent à tort qu'il faut de longs discours
Osés la larme à l'œil et la voix frémissante
Pour se vider le cœur de ce qui le tourmente,
Et clamer fort et clair l'éclat de notre amour.

On croit qu'il faut des mots et des déclarations
Pour aller trouver l'autre, ivre en sa solitude,
Lui dire notre peine et notre lassitude,
Lui rendre la raison par nos supplications.

Or, il aura suffi, quand je désespérais,
D'une étreinte impromptue et de quelques « je sais »
Pour que se brise enfin ta prison de souffrance.

Tu n'avais pas besoin d'aveux de cinéma ;
Il ne fallait qu'un geste au milieu du silence,
Une main sur ton bras qui souffle « je suis là ».
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Les rides et les doutes

Rondeau*…

M’aimeras-tu après-demain,
Quand nous s’rons au bout du chemin,
Nos deux corps perclus par l’arthrose,
Nos vieux cœurs couverts d’ecchymoses,
Nos peaux usées couleur chagrin ?

Lent, le temps grave nos matins
Dans ses replis de parchemin,
Peu à peu nous métamorphose ;
M’aimeras-tu ?

Les petits riens, le quotidien,
La vie s'en va mine de rien ;
Nous perdons notre teint de rose
Et nous n’y pouvons pas grand-chose.
Quelquefois, le doute m'étreint :
M’aimeras-tu ?

Après le triolet et le rondel, j’ai eu envie d’essayer le « rondeau classique » après avoir lu celui que nous a proposé Estelle, dans son Atelier sous les feuilles.

Les puristes me pardonneront les petites irrégularités dans les rimes : je suis encore novice en la matière 🙂

N’hésitez pas à commenter…

Nos rêves d’encre

On a tous des rêves dans la tête,
De jolies palettes de couleurs,
Qui font que la vie reste chouette
Malgré la peine et la laideur.

Marie en a plein ses carnets,
Tracés à l’encre bleu de Chine,
Débuts de roman et sonnets
Qu’elle écrit presque en clandestine.

Parfois, elle les montre à Sasha,
Quand elles sont deux dessous le ciel ;
Elles en discutent à petits pas
En attendant Emmanuel

C’est ma participation in extremis et très peu inspirée (!) au défi À vos claviers, proposé par Estelle, de l’Atelier sous les feuilles. La contrainte de ce numéro 3 était d’utiliser les mots dessous, carnetspalette, bleu, Marie, Emmanuel et Sasha.

J’avoue que la contrainte des prénoms m’a un petit peu bloquée. J’ai eu du mal à trouver une idée !

Petits poèmes en quête de votes

 

Me revoilà avec trois poèmes en compétition pour le Grand Prix du Court du site Short édition ! Ce sont des textes sans surprise pour vous qui me lisez puisque je les avais déjà publiés ici en attendant la réponse du comité éditorial, mais si vous avez envie de leur donner un petit coup de pouce et de leur faire gagner quelques places dans le classement du Prix, c’est par là :

Là où tu n’es plus – 169 voix actuellement, 112ème place.

C’est mon premier sonnet, composé à la mémoire de mon grand-père. J’y évoque la difficulté de faire son deuil quand on est loin et qu’on ne vit pas l’absence au quotidien – par une vue de l’esprit en quelque sorte.

Entre deux rives – 173 voix actuellement, 104ème place.

C’est un rondel, pour ceux qui ont suivi mes explorations poétiques. À l’origine, ce texte a d’abord été un essai de haïku non publié, puis un court poème très très privé pour mon mari – non publié non plus – avant de devenir un triolet ici… Comme le rondel est légèrement plus long, il m’a permis de développer un peu par rapport au triolet, qui était purement descriptif, et le thème de l’émigration s’est forcément imposé car, quand on a ce paysage sous les yeux en permanence, cette côte espagnole si nette à l’horizon alors que partout dans la ville, on voit des migrants d’Afrique subsaharienne survivre comme ils le peuvent en attendant de pouvoir traverser ce bras de mer de 14 km, on ne peut pas s’empêcher d’y penser…

Pendant ce temps, à Bethléem – 154 voix actuellement, 131ème place.

C’est un court poème en octosyllabes dans lequel j’exprime mon ressenti par rapport à une actualité navrante. Certains lecteurs comprennent tout de suite de quoi il s’agit, d’autres passent à côté… Et vous ?

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Merci d’avance pour vos votes et/ou vos commentaires. C’est grâce à vous que je progresse 🙂