Ciel de plomb, mer d’ardoise. Sous les pinceaux de pluie, Le vernis des trottoirs ; Et les pâles sourires Des soleils de platine Qui suintent des pavés. Au miroir du bitume, Je glisse à tout hasard Un pas convalescent.

Ciel de plomb, mer d’ardoise. Sous les pinceaux de pluie, Le vernis des trottoirs ; Et les pâles sourires Des soleils de platine Qui suintent des pavés. Au miroir du bitume, Je glisse à tout hasard Un pas convalescent.
La ville comme morte a fermé tous ses yeux – Tous ses yeux, verrouillés, fermés à double tour ; Et sous ses paupières crues, scellées de l'intérieur, Elle retient son souffle. Comme morte, immobile, elle repose blême, Étendue sur le flanc à l'anse du ressac ; Et ses rideaux de cils balayés par les vents, Elle respire à peine. Étrangère au soleil, elle repose blême, Frêle orante de pierre aux mains aseptisées ; Et ses bouches figées sous des voiles cliniques Ne prient plus qu'en silence. Tous ses yeux verrouillés, peut-être rêve-t-elle De rosée fraîche et pure où baigner ses pupilles À l'aurore d'un jour scintillant au grand air Où tout pourra renaître.
Autrefois J'étais là Mais vous n'y étiez pas J'étais là Esseulée Maîtresse incontestée De mes heures De mes mondes Des repos intérieurs J’étais là J’étais reine Je dessinais le temps J'embrassais L'horizon Des pensées infinies En buvant Le silence Avec délectation
Camaïeu de bleu Encadré dans ma fenêtre Un vol d’hirondelles
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Courts, faciles à composer (quoique) avec leurs trois vers de 5-7-5 syllabes, les haïkus me font toujours l’effet de petites bouchées à croquer ! Je vous en livre ici une petite fournée brûlante – à prendre avec un bon café, si le cœur vous en dit 😉
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Moteurs à l’arrêt Rues désertées sous la lune Le chant des crapauds
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L’homme confiné Grignote le temps qui passe Les oiseaux se marrent
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En bas dans la rue Carrosseries rutilantes Toiles d’araignées
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Monde dans l’urgence Sirènes assourdissantes Les pommiers en fleurs
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Ça vous dit d’essayer ?
Larguer les amarres Mettre le cap sur nos rêves Le vent s’est levé
Tout au long de la nuit, j’ai arpenté la terre ; Et couru les chemins, et foulé la poussière. J’ai franchi des ruisseaux, traversé des frontières ; Respiré des forêts, des tapis de bruyère. Tout au long de la nuit, j’ai embrassé les miens ; Ceux qui sont juste là et ceux qui sont lointains. J’ai serré sur mon cœur mes parents, mes enfants, Et plaqué sur leurs joues de gros baisers sonnants. Mais au petit matin, mes yeux se sont ouverts Sur l’écran saturé des morts qu’on énumère. Monde claquemuré, tenaillé par la peur ; Nos portes verrouillées et nos vies à demeure. Peut-être y aura-t-il, aux confins du chaos, Un après, un printemps, un monde à nouveau beau ; Mais ces cercueils scellés au milieu de l'absence... Qui pourra restaurer notre belle insouciance ?